Chaï masala

Les théiers poussent à l’état sauvage dans la région d’Assam, à l’extrême-Est de l’Inde depuis l’Antiquité, mais historiquement, les Indiens considéraient le thé comme une plante médicinale plutôt que comme une boisson récréative. Dans les années 1830, la Compagnie britannique des Indes orientales s’inquiéta du monopole chinois sur le thé. En effet, le thé était massivement consommé en Grande-Bretagne, environ 1/2 kg par personne et par an. Les colons britanniques avaient récemment remarqué l’existence des théiers d’Assam et commencèrent à tenter de cultiver des plants, sans grand succès, même si en 1839, la première vente aux enchères de thé d’Assam eût lieu à Londres. En parallèle, la quête d’autonomie du thé britannique se poursuivait. Quelques années plus tard, les anglais s’infiltrèrent en Chine pour percer le procéder de culture du thé et en dérober 20 000 plants de variété chinoise lors de ce qui fut appelé le Grand Vol du thé (The Great Tea Robbery). Une fois la technique maitrisée, les anglais purent constater que la variété d’Assam donnait de meilleurs résultats car se prêtaient mieux au climat de l’Inde. C’est à ce moment qu’ils la cultivèrent massivement. Pendant ce temps, l’importation de thé britannique demeura toutefois chinoise jusqu’à représenter plus de 90 % du thé consommé en Grande-Bretagne en 1870. Au terme des trente années suivantes, ce chiffre est cependant tombé à 10 %, largement remplacé à part égale par le thé cultivé en Inde et à Ceylan .

Malgré ces succès, la consommation de thé noir en Inde est restée faible, en dépit de la création en 1881 de l’Association Indienne du Thé regroupant plusieurs producteurs. Il fallut attendre une campagne promotionnelle massive de l’Association au début du XXème siècle, encourageant les usines, les mines et l’industrie textile à offrir des pauses thé à leurs ouvriers, pour le voir enfin devenir omniprésent. En parallèle, l’Association a également soutenu de nombreux chaiwalas (vendeurs de thé) indépendants dans le réseau ferroviaire en pleine expansion. Les chaiwalas servaient le thé à l’indienne, c’est à dire avec de du lait, des épices et du sucre ajoutés. L’Association ne vit pas cette pratique d’un très bon œil car cela réduisait la consommation (et donc l’achat) de feuilles de thé par volume de liquide mais elle laissa faire et le chai tel qu’on le trouve dans notre recette s’est donc ensuite imposé naturellement comme une boisson populaire.

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